Pourquoi la signature de cette charte ?
François Lafond : « Nos métiers de traiteurs organisateurs de réceptions font de nous des éveilleurs naturels de conscience. Lorsque l’on sert près de 4.5 millions de couverts par an, nous avons des responsabilités, et parmi elles celle de prendre soin des ressources de la Terre. Au regard de la surpêche, des océans qui se vident et des espèces de plus en plus menacées, nous ne pouvons plus dire que nous ne savions pas. La gastronomie n’a d’autre choix qu’être responsable, et à nous TDF d’en être les premiers ambassadeurs. La charte signée avec Ethic Ocean est notre voix puissante et collective pour engager notre réseau vers l’alliance de l’excellence gastronomique et de la durabilité. A travers elle, nous prenons publiquement acte du rôle de prescripteur que nous avons à jouer auprès de nos convives et fournisseurs, et de notre devoir de formation auprès des jeunes cuisiniers. Etre le premier réseau national de traiteurs organisateurs de réceptions à s’engager pour la préservation des ressources de l’océan rend notre responsabilité d’autant plus grande. Nous savons le sujet complexe, l’état des espèces évolue, ce qui est admis aujourd’hui ne le sera peut-être plus demain, mais cette signature ne dit rien d’autre que notre volonté d’agir, avec humilité et conviction profonde. »
Quel est votre bilan au bout d‘un an de collaboration avec les Traiteurs de France ?
Elisabeth Vallet : « En un an, nous avons appris à nous connaître, à échanger sur les enjeux, les contraintes du secteur, à sensibiliser afin de mieux appréhender une filière parfois mal connue. C’est tout le travail de sensibilisation mené depuis septembre 2022 pour mobiliser les 37 maisons d’excellence Traiteurs de France, qui a permis d’aboutir aujourd’hui à la signature de cette charte. Je salue la prise de conscience et la volonté des Traiteurs de France. Leur pouvoir d’action est important puisqu’ils sont un maillon essentiel de la filière gastronomie nomade, de même qu’une clé d’accès à de nombreux publics. La charte que nous venons de signer est un acte fondateur, à date, qui ouvre désormais notre collaboration vers l’avenir. Il ne faut pas y voir un aboutissement, mais au contraire un tremplin pour aller plus loin ensemble. »
Des paroles aux actes : anguille non merci
Dès la signature de la Charte Ethic Ocean, les Traiteurs de France ont acté leur démarche en rejoignant la campagne « Anguille, non merci » et ainsi s’engagent à ne plus proposer d’anguille européenne sur leurs cartes. Cette espèce est classée en danger critique d’extinction par l’UICN (union internationale de conservation de la nature) ; la situation est alarmante (sa population a diminué de 95% en 40 ans), les scientifiques recommandent depuis 20 ans de réduire l’ensemble des causes de son déclin (pollution, barrages, assèchement des zones humides, pêche illégale…), et depuis 3 ans de suspendre la pêche – ils n’ont pas été écoutés. La règlementation n’étant pas adaptée à la réalité de l’état de la ressource, les professionnels de la restauration s’engagent à ne plus la proposer à leur menu. Elle sera désormais écartée des menus des 37 maisons Traiteurs de France jusqu’à ce que le stock soit rétabli.
« C’est la seule espèce pour laquelle la pêche cible spécifiquement les juvéniles » souligne Élisabeth Vallet.
Un an de travail, une signature en guise d’acte fondateur et une première action qui en appelle d’autres, les Traiteurs de France plongent dans le grand bain de la préservation des ressources de l’océan.